Le silence narratif a particulièrement résonné au cœur du défilé Patou cette semaine. Guillaume Henry a en effet refusé le récit préfabriqué, laissant les vêtements respirer par eux-mêmes. Plus de personnage fictif, plus d’histoire imposée – uniquement l’instant présent qui captive ou s’échappe. Le tout en présence de guests comme Zooey Deschanel, Katie Holmes, Charlotte Lawrence, Kelly Rutherford, IZZI, Emily Carey ou encore Samia Kanaan.

Le spectateur comme seul auteur

Les silhouettes glissent, furtives. Un manteau afghan effet python surgit, capte le regard, disparaît. Une robe en dentelle joue ses propres règles de cache-cache. Les bottes s’étirent vers le ciel sans justification narrative. Le créateur livre des fragments visuels plutôt qu’un scénario linéaire.

Cette liberté d’interprétation transforme chaque spectateur en auteur. Les jupes courtes et droites en phrases ouvertes, les cols pelle à tarte surdimensionnés transformés en points d’exclamation. Les sequins scintillants sur les robes fluides écrivant leur propre poésie kinétique.

Le vestiaire se construit comme une succession d’instants volés. Les ceintures intégrées aux robes de velours, l’imprimé check sur un caban oversized – autant de moments suspendus qui refusent la contrainte d’une histoire unique. Le créateur préfère l’éloquence du passage, la force de l’éphémère.

Les matières elles-mêmes participent à cette absence de narration imposée. Le feutre enduit, gaufré façon crocodile, devient une énigme tactile. Le coton GOTS vert bouteille sur une veste boxy refuse de révéler son histoire écologique. Ces tissus, comme les rubans logotypés tissés à partir de bouteilles plastiques récupérées sur les plages, laissent le spectateur tisser ses propres conclusions.

Les couleurs du silence

Les couleurs s’inscrivent dans cette même philosophie du non-dit. Le noir et le blanc posent un cadre sobre que viennent troubler des touches de rouge et de rouille – des accents chromatiques qui surgissent comme des pensées spontanées. Sur les tops soyeux, ces teintes vibrent sans explications, sans justifications.

Guillaume Henry réussit un tour de force : créer une collection qui résiste à la tentation du storytelling tout en restant profondément révélatrice. Chaque pièce existe dans un présent perpétuel, où le vêtement parle sans mots, où le style s’exprime sans extravagance.

Le final du défilé soutient cette approche, chaque mouvement créant un nouveau chapitre que le spectateur est libre d’interpréter. Patou signe ici un message simple, nous rappelant que parfois, le silence stylistique est la plus verveuse des déclarations.

Coordination et contenu médiatique : Demona Lauren
Photographie exclusive : Pxrte Photo, DL Team, en direct de Paris

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Posted by:Demona Lauren

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